A. Une notion évolutive
Le mot patrimoine, utilisé depuis le XII° siècle, du latin patrimonium,
biens hérités du père (pater), a connu une extension considérable de son sens,
depuis l’évêque constitutionnel Henri Grégoire, dit l’abbé Grégoire (1750-
1831), député de la Convention, à l’origine, tout à la fois, de l’émancipation des
juifs français, de l’abolition de l’esclavage et du premier pas véritable, en
matière de protection du patrimoine national : «Tous les monuments de sciences
et d’arts sont recommandés à la surveillance de tous les bons citoyens».
Ce mot s’enrichit, à partir de la notion de patrimoine familial sous
l’ancien régime, du sens de patrimoine monumental qui domine au XIX° siècle,
à partir de 1830, avec la création par François Guizot, ministre de l’Intérieur du
roi Louis-Philippe, de l’Inspection générale des monuments historiques, dont le
deuxième titulaire après Ludovic Vitet (1830-1834), est Prosper Mérimée (1834-
1870), familier ensuite de Napoléon III, et, premier organisateur des rapports sur
l’état et la sauvegarde des monuments en France, et, à l’origine de la création de
la commission des monuments historiques en 1837.
La loi du 13 décembre 1913, résultat de deux épisodes majeurs de
l’Histoire de France : la Révolution marquée par le pillage et la vente des biens
nationaux (châteaux, objets d’art ) et la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat,
en 1905, organise la conservation du patrimoine monumental, avant d’être
complétée par les lois de 1962 et 1966.
Au XX° siècle, la notion s’élargit, s’enrichit et intègre, depuis la loi du 2
mai 1930, le patrimoine «artistique, historique, scientifique, légendaire ou
pittoresque » et depuis la loi du 25 février 1943 les «monuments mégalithiques
et les gisements préhistoriques».
Depuis 1945, la loi Malraux du 4 août 1962 qui permet de protéger «un
secteur urbain» pour des raisons «historiques ou esthétiques», et, la loi du 7
janvier 1983, complétée en 1993, donnant naissance aux «zones de patrimoine
protégé agraire, urbain, paysager» (ZPPAUP), ont amplifié la protection du
patrimoine.
La protection et la gestion du patrimoine sont donc aujourd’hui l’oeuvre
d’acteurs multiples à travers l’Etat, et, en particulier, le Ministère de la Culture
et de la communication, mais aussi grâce aux collectivités territoriales (régions,
départements, communes), dont le rôle est renforcé depuis les lois de
décentralisation (lois Defferre en 1982-1983), puis la réforme constitutionnelle
en 2003.Dans ce domaine, « laisser du temps au temps », c’est laisser agir la
désagrégation mémorielle.
B.Des richesses locales très diverses
1.Un patrimoine monumental, mémoire de la Provence :
-Le Néolithique : dolmen des Peyraoutes, au Chalcolithique .
-De l’Âge du Fer à l’Ere gallo-romaine : les camps
-Camptracier
-Camp des Tours
-Epoque médiévale :
-Le Castellas,
-Eglise Sant Pèire (Saint- Pierre)
-Epoque moderne et contemporaine :
-Notre-Dame de Canlache
-ponts des Civadons et des Vignes
-viaduc des sept-Fonts
2.Un exceptionnel patrimoine vernaculaire(1) ou « petit »patrimoine :
-Géologique :
-les avens: Alziary, du Debram, du Haras, du Haut-Pibou, du
lapin,Vaccani…
-les grottes: Baume Granet, de la chèvre d’or, du Lauron, de la Péguière,
de Saint-Pierre, du tramway…
-Préhistorique :du Paléolithique à l’Âge du Bronze et à l’Âge du Fer: grotte de la
Péguière, de la Bégude, grotte Granet, grotte du tramway, grotte du Clos…
Agricole :
-rucher des Baguettes
-bories de la Messuguière, Vaccani…
-fermes de la Péguière, de Vigne Franquet, des Bourres…
-puits du Colombier, du Pré Olivier, du Camp Fleuri, des Peyraoutes…
-lavoirs de Notre-Dame, des Pignatons, des Terres-Blanches…
-fontaines de l’Hubac, du Colombier…
-four à briques du Pré Olivier
-Religieux: oratoires du Loup, du Château…
Cette liste n’est pas exhaustive et laisse à chacun le soin d’y ajouter de
nouveaux éléments.
(1)du latin vernaculus : qui est du pays, indigène.